
La vie de nos
enfants…
n'est qu’un prêt
Un matin, nous nous levons le cœur
rempli de joie. Nous allons être papa
et maman pour la première fois.
Un autre matin, nous apprenons que nous
n'allons pas être papa et maman qu'une
seule fois, mais bien deux fois.
Nous sommes remplis d'appréhension,
mais
tout de même nous sommes deux fois plus
heureux.
Nous envisageons la vie à quatre. Les
pleurs en double, les sourires en
double,
les biberons en double, les
couches en double, en fait, tout en
double.
Mais, un autre matin, c'est l'enfer qui
cogne à notre porte, rien ne va plus !
Nos deux petits anges sont souffrants.
Nous n'y pouvons rien à part les garder
bien au chaud le plus longtemps possible
dans mon ventre.
Et...
espérer,
prier,
espérer,
prier,
espérer !
À chaque semaine, nous pouvons
les
voir
grâce à l'échographie.
Nous les aimons,
nous les connaissons déjà.
Ils portent
déjà leurs noms par les médecins : bébé A
et bébé B,
mais votre vrai nom est
Pierluc et Nicolas !
Mais que
voulez-vous ?
Vous êtes traités comme des
cobayes de la médecine.
S'ils vous
réchappent, ils auront gagné la
bataille !
Car oui, c'est une bataille
contre la vie ou la mort.
Pour augmenter votre chance de survie,
ils piquent à travers ma paroi
abdominale pour retirer du liquide pour
vous donner un peu plus de place.
Nous vous parlons
et vous nous répondez
par des mouvements doux
et calmes.
Parfois, on ressent de petits
tressaillements
causés par vos petits hoquets
et, d'autres fois, nous sentons vos coups
de pied.
Vous vous
chamaillez déjà, petits garnements !
On approche de la 26ième semaine de gestation...
semaine où on
devrait vous faire sortir de votre bulle
bien chaude.
Maman va bien, et
vous, pour la première fois, aussi.
Alors, on attend une semaine de plus,
deux
semaines de plus...
et, un soir, vous avez des
mouvements saccadés
comme si vous
luttiez contre quelque chose.
Le lendemain, un de vous deux
dort depuis
déjà trop longtemps.
Le médecin de garde nous fait réponse
qu'à 28 semaines de
grossesse gémellaire,
c'est normal !
La question qu'on aurait dû se poser
papa et moi, c'est :
« NORMAL DU JOUR AU
LENDEMAIN ? »,
mais on ne l'a pas fait
et
on est reparti soulagé.
Deux jours plus tard, on se retourne à
l'hôpital.
Cela fait plus de 3 heures
que c'est le calme plat dans mon ventre.
Ils entendent le cœur de l'un
de vous
deux : 148
battements par minute.
Ne pouvant
identifier qui de vous deux
nous entendions,
ils ont passé une
échographie.
Eh bien...
quel choc quand
on s'aperçut que
c'est mon propre cœur
qui battait
et non le vôtre!
Bien que nous sachions déjà
inconsciemment le verdict,
ils nous ont
dit brusquement :
« Ils sont morts » !

Tout est devenu
noir,
nous voulions mourir,
nous faire
tout petits,
nous ne voulions pas y
croire.
On rêvait ou bien
on faisait un
cauchemar ?
Pourquoi ne vous ont-ils pas fait sortir à la date prévue?
Pourquoi avoir attendu?
Pourquoi ne pas avoir passé d'échographie
lorsque vous bougiez moins,
car déjà Pierluc nous avait quittés,
mais Nicolas
aurait sûrement été
parmi nous aujourd'hui.
Pourquoi l'erreur médicale existe-t-elle ?
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?
Tant de questions sans
réponse,
mais une
seule phrase soulage notre peine :
« Si
vous êtes partis au ciel,
chers petits
anges, c'est que la nature
l'a voulu
ainsi et que vous y êtes mieux !
Vous
êtes là pour veiller sur papa, maman,
petit frère et petite sœur. »
La morale de cette histoire,
c'est de
ne pas forcer la nature
par quelque moyen
que ce soit parce
qu'elle donne et
reprend
quand cela lui plaît !
Si vous avez des
enfants, n'oubliez pas qu'ils sont
prêtés par la nature
et qu'ils ne sont
pas acquis.
Alors, profitez de toutes les
secondes
vécues
à leur côté, car, demain,
votre prêt sera peut-être échu !!!

Maman Mélanie et papa Marcel.
...pour écrire à Mélanie.

|